le 8 mars 2022 par Rémi Prieur
Marre du tumulte de la ville ? Envie d'un grand bol d’air frais ? Aujourd’hui, EscapeGame•fr vous fait découvrir des petits coins de verdure où vous pourrez vous évader. En effet, parmi les thématiques de jeux de société qui ont le vent en poupe, il y a celle de la nature. Dans cet article, nous vous proposons une balade bucolique au travers de quatre jeux sortis entre octobre 2021 et janvier 2022.
Living Forest : un monde onirique jonché de pièges
Sorti en octobre 2021 aux éditions Ludonaute, Living Forest est un jeu de Aske Christiansen qui a fait grand bruit. Vainqueur de l’As d’or 2022 catégorie « initié », il fait partie de ces titres qui fédèrent la communauté jeux de société. En effet, difficile de trouver des avis négatifs à son égard. Et nous ne faisons pas exception !
Dans Living Forest, vous incarnez un esprit de la nature qui va tenter de sauver la forêt et son arbre sacré des flammes. Pour accomplir cette mission, vous devez soit planter des arbres protecteurs différents, soit récolter des fleurs sacrées, soit éteindre des feux.
Au début de chaque manche, les joueurs constituent leur main en récupérant une par une des cartes issues de leur pioche personnelle. Ces dernières sont placées faces visibles devant eux. Les cartes récupérées constituent leur « ligne d’aide des animaux gardiens ». Si lors de cette phase de pioche vous révélez une 3e carte portant un symbole « solitaire », vous devez alors vous arrêter. Lors de la prochaine phase, vous aurez le droit d’effectuer une action. En revanche, si vous vous arrêtez avant l’apparition d’un 3e symbole « solitaire », vous aurez le droit d’effectuer deux actions.
Pendant la suite de la manche, les participants jouent à tour de rôle. Ils peuvent réaliser une ou deux actions : éteindre un incendie, récupérer l'une des cartes « animaux gardiens » présentes au centre de la table en payant son coût, acheter une tuile « arbre » et la placer sur leur plateau personnel, prendre une tuile « fragment » qui permet de défausser une carte lors de la phase de pioche, avancer sur la piste « cercle des esprits » pour obtenir une action supplémentaire.
Au fur et à mesure, des feux vont faire leur apparition au centre du cercle des esprits. Si à la fin d’une manche ils ne sont pas éteints, les joueurs récupèrent des cartes « feu » qui viennent dénaturer leur deck.
Living Forest est sans conteste notre coup de cœur de cette sélection. Dès les premières minutes, nous avons reconnu des mécaniques présentes dans deux jeux que nous affectionnons particulièrement : Mystic Vale et Meadow.
Un de ses points forts est sa prise en main rapide. Les règles sont claires et les conditions de victoire facilement compréhensibles. Nous aimons la richesse des mécaniques de jeu auxquelles nous sommes confrontés dans ce deck building : le « stop ou encore » lors de la phase de pioche et la mécanique de collection lors de la phase d’action. On ne se sent pas dépendant du hasard. Vous connaissez le nombre de symboles « solitaire » dans votre deck de départ, à vous de faire les bons calculs !
Bien qu’il soit possible de jouer dans son couloir et de viser l'une des conditions de victoire sans se soucier des autres concurrents, si vous jouez avec des compétiteurs il y aura de nombreuses interactions. En effet, Living Forest a été construit de sorte qu’il est facile d’entraver les autres en analysant leur jeu et en accaparant les ressources qu’ils convoitent. Ces fourberies atteignent leur paroxysme lorsqu’un joueur déclenche la fin du jeu. Il n’est pas impossible que ses concurrents réalisent certaines actions pour relancer la partie. De fait, petits et grands y trouveront leur compte.
Enfin, ce jeu est graphiquement très beau avec des illustrations très travaillées qui nous font découvrir des chimères élégantes et mystérieuses. Bravo à Apolline Etienne pour son travail qui participe au succès mérité de ce jeu.
Le Murmure des feuilles : une promenade au gré des saisons
Il s’agit du jeu le plus récent de cette sélection. Sorti en janvier 2022 chez Iello, ce roll & write brille par la limpidité de ses règles et ses illustrations de style champêtre. Son matériel, comme celui de beaucoup de jeux de cette catégorie, est minimaliste : deux dés et un carnet de fiches de jeu.
Chaque tour débute par un lancer de dés. Les valeurs du tirage définissent la taille du territoire, carré ou rectangulaire, que chaque joueur doit dessiner sur sa fiche : si les dés affichent 2 et 4, vous devez créer une zone de 4 cases par 2… ou inversement. Ce territoire doit être adjacent à un territoire déjà existant.
Une fois la zone tracée, vous devez choisir l'un des symboles qui s’y trouvent. Il correspond à l’objectif sur lequel vous allez avancer durant ce tour : avoir le plus d’arbres possible, avoir un nombre pair de papillons en fin de partie, cocher tous les arcs-en-ciel de la fiche...
À la fin de chaque tour, vous avez la possibilité de vous arrêter et d’attendre la fin de partie. En revanche, si vous continuez et que vous ne pouvez pas dessiner un territoire de la taille indiquée, vous avez une pénalité. La partie s’achève quand tous les joueurs se sont retirés ou qu'ils ont obtenu 6 pénalités.
À l'instar de Trek 12, Le Murmure des feuilles est un roll & write efficace. Cependant, ce dernier présente beaucoup moins de richesse et de nuances du point de vue des actions à réaliser que le jeu de Corentin Lebrat et Bruno Cathala. Ici, les objectifs sont assez peu nombreux. De fait, on se retrouve régulièrement à vouloir tous remplir les mêmes. Dans ce cas, c'est la capacité des joueurs à organiser au mieux leurs territoires qui fera la différence. Les interactions, quant à elles, sont également inexistantes.
Le Murmure des feuilles compte tout de même plusieurs points forts, comme sa rejouabilité. En effet, il existe quatre types de fiches de jeu, une par saison. Chacune présente des objectifs différents, ce qui permet de casser la monotonie inhérente à cette catégorie de jeu. On peut aussi noter une complexité légèrement différente entre les saisons.
Des règles du jeu très simples et une stratégie qui se conjugue à la première personne font que Le Murmure des feuilles est parfaitement adapté à un public familial ainsi qu'aux enfants dès 8 ans.
Canopée : au secours de la biodiversité
Bienvenue au cœur de la forêt amazonienne. Un écrin de verdure que vous vous êtes donné pour objectif de faire croître. Mais la nature est un monde fragile. Pour que les végétaux et les animaux prennent possession de ce lieu, vous devez faire en sorte que les maladies et les incendies ne s’y développent pas. Tout un programme !
Canopée se joue en trois manches. Votre mission est de constituer la forêt qui a le plus grand nombre d’arbres, de faire en sorte que ces derniers soient les plus hauts possible, de favoriser la biodiversité tant sur le plan de la végétation que de la faune. Pour cela, vous devez récupérer des cartes qui constituent votre écosystème. Elles sont organisées en trois piles qui sont réalimentées tout au long de la partie.
À votre tour, vous pouvez découvrir le contenu de la première pile et décider de prendre l’intégralité des cartes qui la composent. Si elle ne vous intéresse pas, vous pouvez prendre connaissance des cartes de la pile suivante. Si vous la refusez également, vous passez alors à la dernière. Si vous avez refusé les trois piles, vous devez alors vous emparer de la première carte de la pioche et la conserver, qu'elle vous intéresse ou non. Attention, dans un même tour il n’est pas possible de revenir en arrière et de prendre le contenu d'une pile que vous avez préalablement refusée.
Le bilan de Canopée est très satisfaisant. Il s’agit d'un bon jeu de draft qui s’appuie en partie sur une mécanique de type « stop ou encore ». Cependant, le hasard n’occupe pas une place déterminante, ce qui est très appréciable.
Nous avons particulièrement aimé l’aspect collection. Pour engranger des points, vous devrez cumuler des cartes identiques. Mais le plus malin, c’est que cette routine est cassée :
- Pour certaines plantes, les points s’incrémentent une fois sur deux. Si vous avez une carte vous gagnez 2 points, si vous en avez 2 vous marquez 0 point, si vous en avez 3 vous marquez 6 points...
- D’autres plantes vous ramènent des points si vous en possédez au maximum 2. Au-delà, vous avez un malus.
- Enfin, certaines espèces vous rapportent des points si vous la possédez strictement en 3 exemplaires.
Pour les animaux, le fonctionnement est beaucoup plus simple. En règle générale, vous devez les posséder en 1 ou 2 exemplaire(s) pour marquer des points.
Vous l’aurez compris, dans ce jeu le mieux est l’ennemi du bien ! En effet, dans Canopée il faut prendre son temps. La partie est assez longue pour pouvoir élaborer des stratégies à moyen terme.
Enfin, autre point positif : Lucky Duck Games propose un matériel uniquement composé de papier et de carton. Pas de sac en plastique ou en tissu pour ranger votre matériel. Une fabrication en parfaite adéquation avec la philosophie de ce jeu.
Cascadia : un jeu de conquête de territoires
Cap sur l’Amérique du Nord, et plus précisément sur Cascadia. Cette région qui s’étend sur les États américains de l'Idaho, de l’Oregon et de Washington est connue pour ses grandes étendues de forêts majestueuses. Elle est aussi le cadre de ce jeu localisé par Lucky Duck Games.
Cascadia est un jeu de pose de tuiles et de collection dans lequel vous devez créer les paysages les plus harmonieux et les plus vastes afin d'y abriter des animaux. Durant la partie, vous devez également faire en sorte de respecter des combinaisons imposées par des cartes « objectifs », dévoilées lors de la mise en place. Elles vous rapporteront des points en fin de partie.
La partie se déroule en 20 manches. Lorsqu'un joueur à la main, il doit récupérer un des 4 duos tuile « habitat » et jeton « faune » présents au centre de la table.
- La tuile prise doit être placée de manière adjacente à une autre tuile. Il est possible de ne pas faire correspondre les habitats, mais cela ne vous permet pas de marquer de points en vue de la fin de partie.
- Le pion « faune », quant à lui, doit être impérativement placé sur une tuile qui arbore son symbole et qui n'est pas déjà occupée par un autre animal. Si cette action n’est pas possible, le joueur doit le défausser.
Certaines tuiles ne peuvent accueillir qu’une seule catégorie d’animal. Si vous arrivez à y placer l’animal correspondant, vous gagnez un jeton « nature » qui vous permet, entre autres, lors d’un prochain tour, de choisir n’importe quelle tuile « habitat » et n’importe quel jeton « faune » présents sur la table.
Dans cette sélection 100% nature, Cascadia est assurément le jeu où la stratégie occupe la place la plus importante. Ici, rien n’est caché. Le jeu de vos concurrents est visible. Vous savez quelles tuiles et quels jetons ils récupèrent, où ils les placent. Il est donc possible d’appréhender la stratégie de vos adversaires et potentiellement de la contrer. Les interactions entre les différents joueurs sont forcément riches : on s’observe, on se méfie. Bref, une tension s'installe au fur et à mesure des manches.
Les parties sont également très rythmées. En effet, le nombre d'actions qu’un joueur peut effectuer étant limité, les tours s’enchaînent sans aucun temps mort.
Cascadia jouit aussi d’une bonne rejouabilité grâce aux cartes objectifs. Lors de la mise en place, vous en tirerez 5 au sort depuis un deck qui en compte 15. Il est donc fort peu probable que vous tombiez sur le même tirage d’une partie à l’autre. De plus, les 85 tuiles « habitat », qui apparaissent de manière aléatoire, participent aussi à cette variété.
Si vous êtes à la recherche d’un jeu qui vous challenge, n’hésitez pas à lire l’intégralité du livret de règles. Vous y trouverez différentes variantes pour pimenter un peu vos parties. Les modes de jeu proposés permettent de rendre Cascadia accessible à un très large public : la famille, les ados comme les joueurs aguerris.
