Escape Game Awards
La cérémonie de remise des prix 2023.

Thème
Horreur | Gore
Nombre de joueurs
2 à 6 joueurs
Niveau
Difficile
Immersion
👌 Parfait
Prix
16,5 à 60€/joueur
Langues
Anglais, Espagnol, Français
35 %
Fouille
40 %
Manipulation
25 %
Réflexion

Enseigne de jeux d’évasion installée dans le 9e arrondissement parisien, près des gares du Nord et de l’Est, You Have Sixty Minutes terrorise les joueurs depuis juin 2018. Son site web donne le ton d’emblée : votre date de naissance vous sera demandée car seules les personnes majeures ont le droit d’y accéder…

L’établissement a créé deux escape games qui vous mettront aux prises avec le diabolique cannibale de Paris. Souvenez-vous, nous avions failli faire une syncope dans le terrifiant chapitre 1. Nous pensions à l’époque que l’angoisse y était à son sommet, naïves que nous étions… Cette room a d’ailleurs laissé des séquelles à plusieurs personnes de notre entourage : une joueuse qui, traumatisée, se refuse aujourd’hui à remettre un pied dans l’enseigne et une autre, qui, a priori partante pour découvrir avec nous le chapitre 2, a finalement déclaré forfait trois heures avant car elle ne se sentait « pas bien à l’idée de vivre cette nouvelle expérience ».

Avec son second opus, qu’il est d’ailleurs tout à fait possible de jouer avant le premier, You Have Sixty Minutes repousse une fois de plus les frontières de l’horreur et du gore… « Le cannibale de Paris, chapitre 2 » est encore plus flippant, beaucoup plus. On le mesure notamment au nombre de décibels enregistrés dans cette nouvelle salle : une de nos équipières, qui avait été plutôt calme pendant la première aventure, nous a cette fois surprises en hurlant à la mort !

Le scénario

« Bien ambitieux vous avez été en pensant pouvoir vous échapper. Votre tentative de fuite s’est révélée être un échec car malheureusement Gérald, le serviteur du maître, vous a rattrapé et la partie est loin d’être terminée. Le cannibale est bien décidé à vous faire payer votre désobéissance et cette fois-ci vous ne pourrez pas lui échapper. Vous pensiez que l’horreur était à son paroxysme dans le chapitre 1, mais vous allez rapidement changer d’avis en découvrant le calvaire qu’il vous réserve à l’étage. Vos chances de survies sont à présent compromises et vous devrez redoubler de sang-froid pour avoir un espoir de sortir vivant de cet enfer…Aurez-vous le courage d’affronter vos plus profondes angoisses dans l’ultime chapitre du cannibale de Paris ? »

« Vos plus profondes angoisses »

Les mots sont lâchés : « Vos plus profondes angoisses ». L’équipe de You Have Sixty Minutes nous avait confié, en janvier 2019, vouloir consacrer son 2e chapitre aux phobies. Cela ne saute pas forcément aux yeux durant le jeu, mais avec un peu de recul on peut en effet identifier cette ligne directrice. Peurs du noir, d’animaux en tout genre, des espaces confinés, des poupées et autres… Un joli assortiment vous attend !

Pour sortir victorieux de cet escape game, la clé sera de réussir à dépasser ses appréhensions, et dès le début ce n’est pas forcément évident… Fidèle à ses habitudes, l’enseigne vous réserve un accueil flippant, glaçant voire malaisant. Il faudrait alors être complètement fou pour ne pas avoir envie de se barrer en courant ! Cette introduction repose en grande partie sur de lugubres et violents personnages impeccablement incarnés.

« Violence », voilà un autre mot qui caractérise bien cette room. « Le cannibale de Paris, chapitre 2 » est une expérience violente à plusieurs égards, et mieux vaut le savoir avant de réserver votre heure de torture jeu. Le sentiment d’oppression ressenti dès les premières minutes peut être violent, le fait d’être triplement voire quadruplement entravé physiquement, sans possibilité de se libérer par soi-même en cas de soudaine crise d’angoisse, l’est aussi incontestablement. Si dans cette situation votre esprit pense au pire, à un feu qui se déclenche, à une prise d’otage des game masters ou autres scénarios catastrophes mais envisageables, vous êtes cuits car la panique s’emparera de vous comme elle a failli s’emparer de l’une d’entre nous.

Libéré, délivré Chahuté, bousculé

La violence peut aussi être considérée comme physique. Qu’il n’y ait pas de méprise : votre maître du jeu ne cherchera bien sûr pas à vous faire mal ! Mais il fera tout pour vous chahuter, vous bousculer, vous impressionner physiquement. Si vous ne supportez pas qu’un inconnu vous touche, passez votre chemin.

Enfin, dans « Le cannibale de Paris, chapitre 2 », la violence est aussi visuelle. Décors et accessoires sont impressionnants de réalisme. Glauques et sanglants, travaillés jusque dans les moindres détails, ils contribuent à l’immersion parfaite qui est proposée.

Si l’immersion est ici parfaite, c’est aussi parce que You Have Sixty Minutes parvient à donner le sentiment que le danger peut surgir partout et tout le temps… La mise en scène est soignée, parfaitement calibrée et pleine d’horrifiantes surprises. L’agencement des pièces et portes a été machiavéliquement pensée, et vos hôtes, très investis dans leur mission, ne seront jamais très loin – les jump scares non plus ! Vous ne serez rien d’autre que les joujoux du cannibale, qui prendra plaisir à vous traumatiser sans relâche. Après ces 60 minutes de tension et de pression extrêmes, nous sommes ressorties de la room épuisées.

Des énigmes un peu plus difficiles et parfois ambiguës

Au sujet du premier épisode, nous écrivions que les énigmes étaient pour la plupart très simples voire simplistes parfois, un gameplay qui paraît logique au vu de la trouille ressentie dans la salle par les joueurs. Difficile de réfléchir lorsqu’on prie pour ne pas mourir…
Qu’en est-il cette fois ? Paradoxalement, alors que l’enseigne a décidé de monter d’un cran supplémentaire le niveau de frayeur, elle a également complexifié un peu les casse-têtes. Ils ne présentent rien d’extrêmement difficile non plus, mais dans un contexte si terrifiant, tout peut très vite devenir insurmontable… Ce choix est-il pertinent ? Cette question a divisé notre équipe, les moins convaincus arguant qu’il pouvait être frustrant : vous identifierez des énigmes sur lesquelles vous aurez envie de vous concentrer car elles nécessitent de cogiter un minimum, mais le jeu ne vous en donnera pas toujours la possibilité. Un parti-pris assumé par les créateurs : « C’est notre but, on ne veut pas que les équipes puissent se poser pour réfléchir », nous confiait l’un des gérants à l’issue du test.

Le jeu ne compte qu’un seul cadenas et est globalement dominé par des manipulations et des mécanismes pour la plupart assez classiques. Cette fois-ci, contrairement à l’épisode 1, les casse-têtes sont majoritairement ancrés dans un contexte narratif qui apporte un gros plus. Vous en apprendrez ainsi davantage sur cet homme tant redouté.

Certaines énigmes pourraient en revanche être un poil mieux ficelées selon nous, c’est-à-dire moins ambiguës. En effet, elles vous obligeront forcément à tatonner, à tenter des choses car il est parfois possible d’envisager plusieurs options pour les résoudre, ce qui est dommage. D’autres vous demanderont également de très bons yeux car des détails pas évidents à distinguer se cachent dans l’obscurité, ce qui n’est jamais agréable lorsqu’on n’a pas une vue parfaite.

Incontournable pour les fans d’horreur gore

Nous avons aussi constaté à plusieurs reprises un manque de feedback visuel ou sonore, ce qui est pourtant indispensable pour confirmer aux joueurs que la manipulation effectuée est la bonne et que l’énigme est donc résolue, et pour leur indiquer ce qu’ils viennent alors d’activer ou d’ouvrir. Ces détails peuvent atténuer la fluidité du jeu. Heureusement, une mystérieuse voix sera là pour vous aiguiller si besoin…

Le système de game mastering est en effet identique à celui du premier épisode, même si un effort de justification a cette fois été fait : cette personne a réussi à infiltrer la salle de contrôle du cannibale et vous guidera grâce aux images de vidéo-surveillance.

Il est évident que « Le cannibale de Paris, chapitre 2 » ne plaira pas à tout le monde. Mais force est de constater que dans son genre de prédilection, l’escape game d’horreur gore hardcore, la room de You Have Sixty Minutes réussit parfaitement la mission qu’elle s’est donnée : elle propose une expérience hors du commun, pleine de surprises dingues, généreuses et mémorables, dont on ne ressort pas indemne tant elles secouent…

Découvrez le teaser vidéo du « Cannibale de Paris, chapitre 2 » :

Mélanie Vives par Mélanie Vives

Avis de la communauté : 75% de satisfaction

187 joueurs ont donné un avis sur ce scénario et 196 joueurs l'ont ajouté à leur todo-list.

 Histoire et cohérence du scénario
7.4/10
 Décors et immersion
8.5/10
 Qualité des énigmes
6.4/10
 Fun
7.7/10
 Accueil et game mastering
7.8/10